Ceux qui sont nés quelque part… et qui veulent en exclure les autres
Parler aujourd’hui d’immigration ou d’islam, c’est avancer en terrain miné.
C’est le cas depuis un certain nombre d’années dans l’arène médiatique et politique. Mais ce qui est nouveau, c’est que ce constat s’applique désormais également à toute forme d’analyse rationnelle du sujet : en témoignent par exemple les accusations d’islamo-gauchisme à l’encontre de certains universitaires et personnalités publiques.
Autre nouveauté : l’ultra-droite n’est plus le seul épicentre de la sensibilité extrême de ces thèmes. Tout le spectre politique, de la gauche à la droite, est désormais soumis aux mêmes polémiques, généralement traversées par la question de la laïcité. Il n’est plus d’espace où l’on puisse appréhender sereinement et sérieusement ces réalités.
En comparant le modèle français (dit républicain) et le modèle néerlandais (dit multiculturel), souvent opposés comme « universaliste » et « communautariste », on prend conscience que ces clivages n’ont plus – voire n’ont jamais eu – d’assise réelle. Émerge alors la notion de « nativisme », ce présupposé selon lequel plus votre présence et celle de votre famille sont anciennes dans un pays, plus vous y avez de droits.
L’analyse de cette idéologie, développée ici par deux sociologues et un député engagé pour les droits humains, permet de comprendre les nouveaux mécanismes d’exclusion qui minent nos sociétés, pour mieux lutter contre eux.